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Par Julien Lefevre, cofondateur de Chauffage Au Bois.fr et directeur de la publication de chauffage-au-bois.fr
Bois de chauffage
25/09/14

France Bois Bûche: la qualité au service des professionnels

chauffage-au-bois.fr revient cette semaine avec l’interview de Bruno IANNOTTA, Président de Normandie Bois Bûche et de France Bois Bûche. Découvrez l’interprofession de la filière bois de la région Haute-Normandie.


Pouvez-vous vous présenter rapidement, et résumer votre parcours professionnel ?

Je suis Bruno IANNOTTA, Président de Normandie Bois Bûche et de France Bois Bûche.

Concernant mon parcours professionnel, j’ai travaillé dans divers secteurs comme l’armement, le pétrole, ou l’automobile où je travaillais comme dessinateur industriel.

Il y a 20 ans, j’ai décidé de me mettre à mon compte sur le marché du bois de chauffage, un secteur qui avait déjà de l’avenir à l’époque.

Notre activité a été progressive : d’abord l’Europe avec la grume, et ensuite la Chine. Aujourd’hui, nous sommes davantage spécialisés dans le bois de chauffage - bois bûche.


Pouvez-vous nous parler de la marque France Bois Bûche et de ses déclinaisons au niveau régional ?

C’est une marque de qualité. Elle dépend de la bonne volonté des exploitants. On adhère ou on n’adhère pas, mais le fait d’adhérer, c’est avant tout un contrat moral. Toute entreprise qui adhère à France Bois Bûche, ou à une marque de région, doit se conformer à tout un cahier des charges. Elle doit également avoir un suivi, et doit être ouverte à un dialogue comprenant des réunions organisées deux à trois fois par an.


Y a-t-il un contrôle ?

Les adhérents doivent effectuer un contrôle interne de leur production et de leur organisation. De plus, ils sont accompagnés lors de visites de suivi réalisées par les animateurs des marques régionales.


On a récemment interviewé un membre d’Atlanbois, représentant régional de votre marque. Quelle relation avez-vous avec les interprofessions?

Atlanbois est une interprofession comme Anoribois pour Normandie Bois Bûche. Les interprofessions portent la marque à l’échelle régionale et organise la logistique de l’action : gestion des adhésions, organisation des réunions entre les adhérents, communication sur la marque au travers de site internet, salons, plaquettes… Ces dernières mettent les clients en relation avec nous, et ensuite, les clients sont livrés par des adhérents à cette marque de qualité. Si un problème apparaît, le client peut soit se tourner vers son fournisseur, soit vers son interprofession qui joue un rôle de médiateur.

Chaque région gère ses problèmes internes par rapport à ses adhérents. A l’échelle de France Bois Bûche, on va traiter davantage les problèmes fondamentaux ou d’adhésion de certaines entreprises par rapport à des modifications du cahier des charges.

Enfin, on fait également avancer notre marque de qualité. Par exemple en ce moment nous avons un débat important qui concerne l’hygrométrie. On se rend compte que les hygromètres ne sont pas toujours fiables. Et, par rapport aux fournisseurs, les critères sont encore plus rigoureux.

On essaye de se positionner pour conserver une crédibilité, tout en n’étant pas trop drastiques. Dans le cas contraire, il n’y aurait plus personne, et la marque mourrait. Ce n’est pas non plus le but.


Quelles différences entre France Bois Bûche et ses déclinaisons régionales ?

En règle générale, le cahier des charges c’est France Bois Bûche. C’est la colonne vertébrale. Après partant de là, nous avons certaines modifications qui vont surtout concerner des spécificités régionales rattachées au bois en lui-même.

On observe ainsi quelques différences au niveau du classement des bois dans les groupes d’essences, et des régions plus humides pouvant considérer que le bois sec est obtenu autour de 25% plutôt que 20%.

Attention : il ne faut pas oublier que c’est une charte de qualité. Les entreprises peuvent adhérer pour la charte de qualité, sans pour autant faire toujours du bois sec. Par exemple, en Normande, nous avons une entreprise qui travaille à 95% de bois vert. Mais elle est quand même adhérente puisqu’elle livre des bois de catégorie 1 (feuillus durs). Par contre sur son facturier, elle met « bois vert ». En effet, il y a les trois critères mentionnés sur nos factures (groupes d’essences, humidité, volume).

Votre marque est-elle visible ? Peut-on distinguer une entreprise lambda d’une entreprise détenant le label France Bois Bûche ?

La marque France Bois Bûche a réalisé plusieurs opérations de communication qui lui ont fait gagner en notoriété : campagne radio sur les stations régionales de France Bleu, reportage télé sur Conso Mag, site internet dédié, articles dans la presse spécialisée…

Grâce au bouche -à-oreille, on commence à en parler. Surtout qu’en ce moment de gros groupes veulent adhérer à nos chartes alors qu’ils ont déjà la marque NF sur le bois de chauffage, une norme qui est tout de même au-dessus de notre charte de qualité.

Je ne dis pas tout le monde, mais certaines personnes commencent à adhérer, à essayer d’acheter des produits de qualité. Donc lorsqu’ils voient un label ou une marque de qualité, ils n’hésitent pas.

Il s’agit d’un engagement moral de l’entreprise. Si l’adhérent n’est pas fiable, le client doit rappeler le professionnel ou l’interprofession. Mais en règle générale, 95% de nos entreprises adhérentes jouent le jeu. La raison : l’image de marque de Normandie Bois Bûche.

Attention : avoir une charte de qualité, dit forcement avoir un coût supplémentaire par rapport au coût du marché. Pour nous, notre marque ne nous coûte pratiquement rien à l’entreprise.

Mais les coûts liés au personnel ou autres sont bien présents, cela n’a rien à voir avec le marché parallèle.

Concernant les tarifs, nous sommes entre 15 et 25% plus cher. Bien sûr, cela ne vient pas de volonté, c’est juste le résultat des charges et de la TVA qui découlent d’une activité déclarée. En règle générale, les gens qui font appel à un professionnel qui livre du bois de qualité, reviennent les fois suivantes.

Plus on va satisfaire le client, et plus on va avoir un volume représentatif au niveau de notre marque, et plus elle sera crédible aux yeux des pouvoirs publics. N’oublions pas que France bois bûche est relativement récente. Cela a débuté il y a une dizaine d’années en Alsace, sous l’impulsion de Monsieur GLAD, le président d’Alsace Bois Bûche.
Au début, il s’agissait d’une charte de qualité au niveau de l’Alsace. Ensuite, les autres régions volontaires ont adapté le référentiel alsacien pour créer leur marque régionale. Très vite, ces régions se sont ensuite regroupées en créant France Bois Bûche, pour donner une cohérence et un cadre commun à l’échelle nationale.


Philippe BESSEAU (Atlanbois) nous a fait part de leur volonté d’améliorer la reconnaissance des produits et des entreprises rattachés à la marque régionale. Qu’en pensez-vous ?

C’est quelque chose de nouveau. Au niveau de Normandie Bois Bûche, nous n’en avons pas encore parlé. Ce qui est bien, c’est qu’au niveau de chaque région, des commissions de travail se font. Chacune va travailler sur un thème précis. Ensuite, lorsque l’on va participer au séminaire France Bois Bûche ou à d’autres séminaires, nous allons échanger, et une multitude d’idées va être partagée.


Cela ne crée-t-il pas de grosses différences dans les organisations des différentes régions ?

Non. Dans la mesure où l’idée est que pendant un an chacun réfléchit de son côté. Une idée lumineuse qui ressort d’une région sera partagée à l’ensemble des régions à la fin de l’année, lorsque l’on se réunira tous. Un débat permettra ainsi de savoir si l’idée est applicable ou non au niveau de chaque région.

Le principe, c’est que l’on aille tous vers le haut, et non pas vers le bas.


Quelles étapes pour obtenir le droit d’usage de cette marque ?

Tout d’abord, le professionnel doit prendre connaissance du cahier des charges de la marque régionale dont il dépend pour évaluer si la démarche de qualité lui convient. Ensuite, il peut solliciter une visite préliminaire de son entreprise par l’animateur régional de la marque qui au cours de l’échange explique en détail les principes et engagements liés à France Bois Bûche. Si le professionnel souhaite adhérer, il remplit les formulaires d’inscription, s’engage à respecter le cahier des charges de la marque et règle sa contribution annuelle basée sur des tranches de chiffre d’affaires.


Quel bilan pourriez-vous faire de de France Bois Bûche pour l’année 2014 ?

Je vais parler en tant que vice-président puisque j’ai été élu président il n’y a pas longtemps de cela.

Il y a quand même un bel effort de fait. Deux ou trois régions se sont rajoutées au niveau de France Bois Bûche l’an passé. Et apparemment, deux de plus seraient attendues pour 2014-2015.

Cependant, quelques régions restent encore réticentes et tardent à rejoindre le mouvement, ce qui nous empêche, à l’heure actuelle, d’avoir une couverture nationale complète.



Pourtant cela pourrait profiter économiquement à la région …

Je suis d’accord, mais on ne gère pas cette partie.

Nous allons travailler sur notre cahier des charges, et sur l’avancée du bois bûche. C’est cela le principal : réaliser un produit qui corresponde aux attentes du client. Parce que du bois vert, tout le monde sait le faire, mais réaliser du bois sec, c’est plus difficile.

On s’aperçoit que pour France bois bûche, il doit y avoir 180 adhérents. Et sur ce nombre, il va y avoir 20 très grosses structures. Le reste va être entre 1 000 et 3 000 stères de bois.

Actuellement, nous avons de gros problèmes d’approvisionnement. L’année dernière, la matière première pour le bois bûche a pris plus de 50%, et donc pour nous il est hors de question que l’on répercute 50% chez le client. Alors à un moment donné, cela devient problématique.

En plus, quand vous vous apercevez que des géants comme le groupe Total se mettent à faire du granulé de bois, c’est désespérant. On ne peut pas lutter contre ces entreprises.


Quelles actualités vous concernant sont à retenir pour l’année qui arrive ?

Chaque interprofession va participer à des salons. Atlanbois a fait un salon à Nantes, par exemple. En Normandie, nous faisons tous les salons régionaux (construction bois, maison bois, ameublement). Les interprofessions communiquent beaucoup sur ces types de salons, même s’il s’agit d’ameublement. En parallèle, ils communiquent aussi via des plaquettes.

En Normandie, et pas seulement sur France Bois Bûche, on va proposer un partenariat avec des ramoneurs syndiqués. Ils vont eux-aussi légiférer. C’est quelque chose que l’on va mettre en place prochainement.



Nous tenons à remercier tout particulièrement Monsieur Bruno IANNOTTA et France Bois Bûche pour l’interview qu’il nous ont accordée, ainsi qu’ANORIBOIS pour sa participation active lors de ce projet.




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